dimanche 23 octobre 2011

Polisse

Je suis allé voir ce film dont la démarche m'intriguait, et dont (aussi) le coté racoleur, bien organisé commercialement, m'agaçait.

C'est une sorte de reportage, hyperréaliste, type "caméra à l'épaule", de la vie d'une unité de police chargée de la protection des mineurs.

On voit se succéder, de manière décousue, les cas les plus sordides, les plus émotionnellement choquants, sans pouvoir du tout prendre de recul, c'est construit pour que ce soit impossible, c'est le parti pris du film, je pense.

Mais, astucieusement, les scènes sont entrecoupées de moments plus personnels, dans lesquels les policiers luttent, chacun comme ils le peuvent, contre les démons venimeux qui vont revenir les assaillir.

Dans cette succession d'horreurs et de cicatrisants désespérés, la scène de la boite de nuit est absolument fantastique, les acteurs sont justes, précis, intimes, sublimes.

Joey Starr joue dans le film, il ne l'enlaidit pas, ne le magnifie pas, il se fond avec justesse dans le tempo.

Le parallèle avec L627 est flagrant.

Dans le film de Tavernier, des flics essayent désespérément de vider un océan de saloperies avec la petite cuillère que leur donne l'administration. Ils s'en sortent, +/- bien psychologiquement, par une démarche "intellectuelle", une distanciation, une rationalisation...

Dans le film de Maïwenn, confronté à la même merde, il n'y a plus de distanciation, juste des mécanismes individuels de sauvetage, là aussi +/- efficaces.

Une génération sépare ces deux films, on est passé du cérébral à l'empathique, et l'âme humaine souffre toujours autant, dessous.

Voir ces deux films, dans l'ordre, est un bon exercice pour appréhender la marche de notre société vers la fin.

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