Un évènement majeur s’est passé à Bruxelles avec la mise hors jeu du Royaume-Uni de la construction européenne. On ne pouvait en effet sortir du blocage soigneusement orchestré par les anglo-saxons qu’en dénonçant le Traité de Lisbonne, afin d'ôter toute capacité de nuisance à Londres, avec la reprise dans un nouveau Traité de l'ensemble de ses dispositions à l'identique, augmentées des nouvelles dispositions en matière de discipline budgétaire.
Bien sûr, pour l’instant et pour la galerie, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel avancent la fiction d'un Traité intergouvernemental à 17 avec intervention des Institutions communautaires (BCE, Présidence du Conseil européen, Commission européenne, Cour de Justice, Parlement européen,etc ...) issues du Traité de Lisbonne. Mais ce n’est qu’une apparence, transitoire et d’ailleurs inapplicable : David Cameron a déjà menacé d'empêcher les Institutions européennes d'agir pour l'Eurozone. On peut compter sur les anglais comme toujours depuis 1000 ans pour saccager les choses qu’ils ne peuvent pas contrôler. Ce sont des experts dans le domaine de la terre brûlée.
Dans le doute, tous les Européens se sont d'ailleurs ralliés au camp franco-allemand, la Pologne la première, désireuse de rester dans le club de tête. Même le Danemark, entré en 1973 dans la CEE comme le Royaume-Uni, et également bénéficiaire d'une clause dérogatoire à l'euro, a préféré se joindre au mouvement, par crainte d'être marginalisé. La Suède et la Tchéquie ont bien fait valoir une réserve parlementaire mais de pure forme, ou pour afficher une indépendance de façade.
Même le turbulent Viktor Orban n'a pas suivi longtemps le Royaume-Uni dans sa fronde eurosceptique et la Hongrie est finalement rentrée dans le rang.
C'est donc un isolement complet qui menace le Royaume-Uni, alors que même Margaret Thatcher, à ses pires heures, s'était toujours bien gardée d'aller jusqu'à la rupture.
Paradoxalement, le reste est secondaire, les questions techniques sur la pertinence et l’efficacité de cet accord pour garder au chaud le « triple A » sont des questions pâlichonnes, à court terme.
Enfin, le boulet mortel que le grand Charles avait toujours voulu éviter vient d’être quasiment largué.
Il était temps.
Le germe d’une puissance géo- politique, économique, culturelle existe maintenant, avec ses 26 membres actuels.
Chouchoutons là, et laissons les anglais traverser l’atlantique.
Bon vent.
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