mardi 4 janvier 2011

symptômes

Ces derniers temps, de nouveaux symptômes sont apparus, ça et là, au sein de la société.
Dès qu'un volcan islandais toussote, que trois flocons tombent sur l'ile de france, ou que le vent souffle un peu fort sur l'Atlantique, on note une incapacité des services publics à étaler le "coup de bourre".
Pareil si vous voulez tous obtenir un dépannage rapide en électricité d'un quartier plongé dans le noir, si vous voulez tous vous chauffer en même temps quand il fait froid,ou si vous vous ruez en masse , par TGV interposé, vers votre réveillon, ou si vous avez le mauvais gout, voire l'incivisme, d'envoyer vos voeux de fin d'année.. en fin d'année !
La raison est assez simple : la logique comptable qui prévaut maintenant dans tous ces services ex-publics démontre parfaitement, calculs à l'appui, qu'il ne faut PAS investir :
  • dans un chasse neige qui ne sert qu'une ou deux fois l'an,
  • dans une seconde ligne électrique en dépannage d'une ligne qui ne tombe que trop rarement en panne. 
  • dans des serveurs téléphoniques ayant la capacité de transiter , une fois l'an, trop de SMS en même temps.
  • dans des rames en nombre suffisant pour acheminer les transhumances
  • dans un stock de glycol suffisant pour dégivrer tout un aéroport.
  • etc
la tête d'oeuf qui démontre fièrement ça, diaporama powerpoint à l'appui, explique doctement qu'il vaut mieux "passer des contrats de fourniture vers des prestataires externes" au cas ou..., et "s'assurer contre les dysfonctionnements".
Et le responsable de la DDE, de l'EDF, des PTT, de la SNCF (notez les anachronismes), etc ... qui écoute ce jeune frais émoulu sorti de l'université avec un master en sciences économiques de gestion, se dit que, de toutes façons, vu la dernière circulaire qui lui restreint le financement, il n'a pas le choix.
Il soupire, et signe le "plan d'amélioration du service" qui conduira à envoyer toujours un peu plus quelques employés devenus indésirables, a la charge de l'impot, plutot que sur son budget "salaire".
Calcul évidemment faux : cette personne soudainement précarisée coutera bien plus cher à la collectivité que si elle avait continué à astiquer soigneusement son chasse neige, pour qu'il marche un jour ou deux par an .
Le responsable le sait. Il n'a simplement pas le choix.
Il sait aussi que, sournoisement, discrètement, dans le bruit de fond des statistiques ministérielles, on peut voir que ceci TUE des gens, ou provoque des drames
  • tel passage à niveau non sécurisé
  • telle maternité fermée
  • tel hopital non sécurisé électriquement.
  • tel commissariat remplacé par une caméra vidéo
  • etc..
mais comptablement il aura fait des économies. C'est ce que l'on exigeait de lui.
Alors, ne pestez plus contre la DDE quand la prochaine neige vous coincera dans un fossé : il n' y a quasiment plus de DDE (*)
Ne pestez plus contre EDF qui ne viendra vous dépanner que dans deux jours : il n'y a quasiment plus d'EDF (*)
ne pestez plus contre les PTT qui n'acheminent pas vos voeux  : les PTT n'existent plus

et puis, en vous endormant dans la salle d'opération de l'hopital surchargé et endetté qui vous a recueilli pour votre infarctus, pensez y ....
Bonne anesthésie.
 (*) au sens ou vous croyez qu'elle existe encore

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